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Netanyafolie le blog
27 octobre 2013

TOUS ENSEMBLE EN 2013 !

sept 4, 2013 - Non classé    No Comments

LES DÉRIVES DU CONSISTOIRE ET DE SON PRESIDENT

Fidélité à au Consistoire, avant tout

Au départ, voilà près de dix ans, j’ai croisé la route de celui qui allait devenir en janvier 2006 Président du Consistoire de Paris. Partageant avec lui un certain nombre de points de vue et projets, avec une certaine énergie mise dans l’action au service de la communauté et l’importance à accorder à la jeunesse et à la relève communautaire, j’ai été élu administrateurs à ses côtes en 2005.

Puis, sont progressivement apparues des dérives au sein de l’institution consistoriale qu’il dirige, remettant en cause cette vision commune de l’institution alors même que mes observations à ce sujet et mes mises en garde contre ce qui était en train de se passer restaient lettres mortes.

Dérive politique d’abord, avec sur le fond, une importance de plus en plus grande accordée aux relations avec les élus et les pouvoirs publics, et dans des domaines allant bien au-delà des seules questions cultuelles, au détriment de certaines de ses missions premières.

Il est curieux de constater qu’au cours de ces dernières années, de nombreux ministres français ou israéliens ont été invités par le Consistoire, alors même que presqu’aucun président de communauté n’a été convié à venir s’exprimer en détail sur ses projets et ses difficultés devant le Conseil d’administration. L’inverse eut sans doute été préférable.

Sur la forme, la politisation du Consistoire a contaminé ses méthodes de travail et son état d’esprit : joutes oratoire stériles lors des Bureaux et des Conseils d’administration, culture du chef, petites manœuvres entre amis, refus par le Président de certains votes demandés par des administrateurs quand ils risquent de lui être défavorables … jusqu’à l’utilisation aujourd’hui, sans scrupule et sans retenue, par l’équipe dirigeante des moyens de l’institution consistoriale à des fins de campagne électorale. Qu’on est loin de l’esprit consistorial, venté par ceux-là même qui le mettent à mal.

Dérive dans la personnalisation et la pratique du pouvoir, avec la centralisation croissante, une certaine opacité dans le processus de décision, et le rôle de plus en plus réduit laissé au Conseil, au Bureau et aux commissions, et bien entendu l’installation durable du cumul des mandats.

Si la question du bien-fondé ou non d’une présidence unique des deux Consistoire pouvait se poser en théorie au début, l’expérience des années récentes de cumul ont fini d’apporter la réponse.

De deux choses l’une.

Soit on fusionne purement et simplement les deux Consistoires, et il n’y a qu’un Président de fait. Mais il est évident qu’une telle fusion créerait de grandes difficultés de fonctionnement et de rapports avec les autres consistoires régionaux de province, sans parler du sort à réserver aux grands rabbinats de Paris et de France qu’il faudrait fusionner également.

Soit on garde les deux institutions distinctes avec un cumul des deux présidences. Force est d’ores et déjà de constater que les effets négatifs de la confusion des genres, de l’élimination de fait du rôle de recours indépendant que représente le Consistoire central en cas de litige parisien, de la gestion du temps qu’exige la direction des deux institutions, et des effets évidents en terme d’ego d’une concentration excessive du pouvoir entre les mains d’un seul homme, l’emportent clairement sur les prétendus effets positifs d’absence de conflit entre les deux Consistoires.

Sans compter qu’un tel argument supposerait que le Président actuel reste en place pour toujours. Car que se passera-t-il au terme de son troisième mandat à la présidence du Consistoire central (il n’en est qu’au deuxième !) et alors que les statuts l’empêcheront de se représenter ? Faudra-t-il automatiquement que le Président du Consistoire de Paris du moment cumule à son tour les deux postes pour éviter tout risque de conflit hypothétique ? Et bien entendu aucun Président de province ne pourra plus jamais être Président du Consistoire Central. Une belle image de la France décentralisée où tout cumul de mandat est en outre aujourd’hui banni!

En fait, ce cumul des mandats doit s’arrêter là. Maintenant. Il suffit en réalité de clarifier une fois pour toutes les relations entre les deux Consistoires et de créer les passerelles et règles nécessaires qui éviteront tout conflit majeur. Une réforme commune des deux statuts y parviendrait aisément.

Dérive dans l’hégémonie de l’institution consistoriale, avec un non-respect de plus en plus flagrant de son périmètre d’action naturel, l’absence de coopérations dans des actions fortes avec d’autres instituions, et des tensions croissantes avec leurs représentants. Aucun projet commun n’a été mené. Au cours de ces dernières années, une seule réunion a eu lieu entre les membres des Bureaux du Consistoire et du Crif, pour n’aboutir à aucun résultat. En revanche, nombre de querelles de personnes et d’ego ont émaillé le quotidien du Consistoire, jusqu’à celui qui l’a opposé au Grand de France lui-même au cours de ces dernières années. Cet isolement consistorial est grave et révélateur.

Dérive de la communication à outrance, qui est devenue avec les années une fin en soi. Rien qu’au cours de l’année écoulée, entre les assises des communautés, le Congrès des communautés du 2 juin, les 10 jours du Consistoire à venir (une opération marketing d’auto-promotion organisée à seulement six semaines des élections !) , et tant d’autres manifestations médiatiques encore à venir dans les semaines à venir, combien de photos (du Président), de discours (du président), d’articles de presses (parlant du président), pour arriver à un véritable niveau de saturation, ressenti désormais par nombre de communautés et de fidèles si éloignés dans leur quotidien de cette débauche de moyens médiatiques. Dans la société moderne, la communication est certes utile voire nécessaire quand elle reste un moyen au service d’un objectif et d’une vision. Ce n’est plus le cas. Au Consistoire, elle se suffit désormais à elle-même, soignant les frustrations de certains et alimentant les vanités d’autres, au détriment des réels besoins du plus grand nombre.

Dérive dans le positionnement du Consistoire sur le spectre des sensibilités religieuses quand certains discours ont pu récemment être prononcés devant des centaines de dirigeants communautaires en martelant avec vigueur un virage religieux inédit pour l’institution, en présence du président du Consistoire qui ne dit mot, et donc qui consent. Ou encore quand certains chabbatot pleins sont organisés, sous l’égide du Consistoire, en l’absence de tout rabbin consistorial, remplacés pour l’occasion par des rabbanim certes éminents, mais très éloignés de l’esprit consistorial et de son discours traditionnel, et qui en fait les combattent. La voie centrale et représentative que doit occuper le Consistoire, loin des extrêmes, a été endommagée. On autorise aujourd’hui un début de fuite en avant à travers laquelle, si elle se confirmait, l’institution se perdrait.

Face à ces dérives, et à d’autres, il a malheureusement été impossible de se faire entendre, de dialoguer et de modifier le cours des choses. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Les Conseils d’administration et des Bureaux sont vides de débats de fonds. On préfère depuis des années remplir les ordres du jour de questions financières que peu maitrisent ou de questions d’actualités souvent secondaires. Rien ou si peu sur l’avenir du Consistoire et du rabbinat, sur le Talmud Torah, sur la place des femmes, sur les moyens de ramener les jeunes qui s’éloignent de la vie communautaire, sur les relations avec les autres institutions juives, sur les actions culturelles, sur le message à lancer à ceux qui ne nous écoutent plus.

Et au-delà du Bureau, les réunions en petit comité avec les plus proches pour les informer de la situation présente, leur demander conseil ou échanger pour trouver des solutions, n’ont presque jamais eu lieu. Elles ont pourtant été demandées à maintes reprises. Combien de fois ses plus proches ont-ils appris les nouvelles ou décisions importantes dans la newsletter de l’acip ? Le Président préside seul, décide seul, agit seul. Et se trompe seul. Le pouvoir use. Le pouvoir isole.

En conséquence de quoi, les divergences de vision et de projet avec le Président sortant se sont creusées pour devenir inconciliables. Loin des photos, des conflits, de l’isolement du pouvoir, il est tellement préférable de travailler à un retour aux fondamentaux consistoriaux (avec la priorité donnée aux vrais missions du Consistoire, à la voie centrale qu’il occupe dans le judaïsme français, et à l’arrêt de sa politisation), au Chalom communautaire (avec le retour au sein du Crif et la coopération concrète et constructive avec les grandes institutions communautaires), et à la vraie démocratie consistoriale (avec une gouvernance transparente et collégiale, la création d’un Comité des Sages, la politique de décentralisation communautaire, et l’arrêt du cumul des mandats).

C’est parce que j’aime le Consistoire, que je l’ai servi de mon mieux ces dernières années, et qu’il demeure au cœur de mon engagement communautaire.

C’est parce que j’aime le Consistoire que ma fidélité, au-delà d’être liée à un seul homme, demeure avant tout attachée à cette belle institution et aux idées qui sont les miennes, pour mieux préparer son avenir.

Trahir, c’est fuir la difficulté et les risques qu’ils impliquent pour se réfugier dans la facilité et la garantie en renonçant à ses idéaux et ses convictions, pour un tapis rouge, un poste, un titre. On en est loin. Très loin. Bien au contraire. C’est la facilité que j’ai abandonnée pour rester fidèle à mes idées et surtout à celle que je me fait de l’institution consistoriale.

Philippe Meyer
Vice-président du Consistoire de ParisACIP

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